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La pétanque, le pastis, le soleil, la lavande… voilà à quoi pensent en premier lieu les étrangers quand ils viennent en Provence. Plus rarement ils pensent au mistral.

ProvenceVents
Ce mistral qui les dérange quand ils sont en vacances. C’est vrai que le mistral était l’un des trois fléaux de Provence avec la Durance et le Parlement, aux dires des anciens qui devaient prendre en compte les conditions climatiques pour leur travail de la terre. En Provence personne n’ignorait que le mistral se compte par périodes : trois, six, neuf jours… Aujourd’hui les choses ont bien changé. Les paysans sont devenus des agriculteurs, ou des ingérieurs agronomes, et ils savent avec leur ordinateur le temps qu’il fera demain ou dans quinze jours grâce à la météorologie nationale.

Et le mistral là-dedans ? Il est toujours le roi des vents de Provence. C’est lui qui nettoie la vallée du Rhône lorsqu’il souffle à plus de 110 ou 120 km/h. C’est lui qui fait partir les nuages des sommets du Ventoux, de Lure ou de la Sainte-Victoire. C’est lui qui fait s’envoler les chapeaux des hommes et soulève les jupes des femmes. C’est lui le « mangeur de boue » qui assèche les terrains inondés. Mais c’est lui aussi qui décroche les tuiles et fait tomber les cheminées… C’est un vent de caractère, connu depuis l’an pèbre… et peut-être même avant ! Pensez que les Grecs le connaissaient déjà du temps d’Homère : c’est Prométhée qui conseille à Hercule qui était alors en Espagne sur le chemin du Jardin des Hespérides « Attention, lorsque tu seras dans la Crau, que Borée (notre fameux mistral) ne te soulève du sol. » Le roi des vents, le Magistrau, le Maistrau, le Mistral comme l’appelaient nos anciens. Mais ce n’est pas le seul de notre région, loin s’en faut. Car il fut un temps où la bonne connaissance des vents était très importante. C’étaient les vents qui faisaient avancer les bateaux. C’étaient les vents qui faisaient tourner les ailes des moulins. Il fallait donc bien les connaître pour naviguer ou pour moudre le blé. Et des vents de toutes sortes, il y en avait en Provence ! Trente-deux, pas moins !

Le capitaine Négrel, un navigateur de Céreste (dans le Var) a dressé la rose des vents de Provence dans l’Armana prouvençau de 1859. Nous savons bien aujourd’hui que les vents sont produits par des anticyclones et des dépressions, qu’ils soufflent le chaud ou le froid et qu’en fonction de l’endroit où se trouvent les gros tourbillons le vent soufflera plutôt du Nord ou du Sud, de l’Est ou de l’Ouest. C’est certain ! Mais n’est-il pas plus poétique de savoir que les « aurettes » sont vents de printemps, que les « marinades » sont vents d’été, les « rispes » d’automne et les « aurasses » d’hiver ? Et qu’ils ont des noms qui chantent aux oreilles comme le « garbin », le « labé » le « narbonnais », la « cisampe », la « lombarde » ou le « vent-des-dames » ? Ce vent-des-dames qui, d’après les Marseillais, possède la douceur de la caresse d’une vierge… Et c’est justement ce vent qu’ils attendent pour jouer… à la pétanque !

Texte : S.K. - 2019

Nota : nous n’avons pas traduit en français les noms provençaux des divers vents. Simplement Uba veut dire Nord, Adré veut dire Sud, Trelus veut dire Est et Tremount veut dire Ouest.