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Le patrimoine bâti de notre village a souffert, ces cinquante dernières années, du goudronnage des rues. En effet certains accessoires devenant inutiles, rien n'a été fait pour les sauver, au contraire.

Les décrottoirs ont été les premiers sacrifiés. Lorsque les rues étaient encore en terre battue, à la moindre pluie se créaient des flaques de boue grasse et collante sous les semelles. Et afin de ne pas «emmener» de la boue à l'intérieur de la maison, devant chaque porte se trouvait un décrottoir. Il s'agissait d'une lame de métal scellée dans le mur et en saillie de 20 bons centimètres ou plus, permettant de racler le dessous des chaussures. Parfois la lame était repliée sur elle-même et scellée à ses deux extrémités. Elle faisait alors une sorte de demi-lune ou un rectangle. Malheureusement lorsque les rues n'ont plus eu autant de boue, les décrottoirs ont été jugés superflus et comme ils risquaient d'abîmer au passage les carrosseries des automobiles qui commençaient à envahir le village, ils ont été presque tous déposés. Nous en avons seulement retrouvé trois : l'un au "Bout du Village", l'autre sur la maison Barras nouvellement réhabilitée en respectant ce patrimoine, et le troisième tout à côté  de la porte de la mairie.

Le décrottoir de la maison Barras.

Le décrottoir du Bout du Village.

Le décrottoir de la mairie

Les pierres à charrettes n'ont pas résisté non plus. Leur fonction était de préserver les angles des bâtiments du passage des charrettes à traction animale. En effet dans les virages à angle droit, comme on en trouve dans les rues étroites ou comme c'est le cas pour toutes les entrées de portes cochères, les moyeux des roues de ces charrettes, étant saillants, accrochaient les angles de murs et enlevaient le crépi ou maltraitaient la pierre. La parade consistait à contraindre la roue à ne pas s'approcher de l'angle. Pour cela il suffisait de sceller dans le sol (et tout contre le mur) une pierre assez large et assez haute pour obliger la roue à s'écarter du mur (cela glissait d'autant plus facilement que les roues étaient cerclées de métal et que le sol était en terre). En fait plutôt que de pierres à charrettes, il faudrait parler de chasse-roue, puisque, souvent, on trouve des accessoires en fer pour remplir cet office. Nous avons conservé quelques pierres et quelques "fers" qu'on peut découvrir, parfois presque enterrés en raison des couches successives de goudron, au hasard des promenades dans les rues du Castellet.

Ce chasse-roue métallique se trouve à l'angle de la rue principale et de la rue du Four Vieux.

Un rare chasse-roue métallique double, à l'angle de la rue des Jardins et de celle du Canal.

Cette pierre est à un angle de bâtiment dans la rue des Jardins, face à la place du Pountis…

… Et cette deuxième pierre est à l'autre angle de ce même bâtiment, dans un virage en épingle à cheveux.

Une belle pierre à l'angle de la place du Pountis et de la Calade, préservée malgré le revêtement du sol en pavés auto-bloquants.

À demi recouverte de goudron cette pierre se trouve dans la descente de la rue des Jardins.

Bizarrement les pierres à charrettes conservées dans le village se trouvent dans le même quartier, à quelques dizaines de mètres les unes des autres. Il est dommage qu'ailleurs d'autres n'aient pas été préservées en souvenir d'un passé encore assez proche. Car au visiteur attentif, elles parlent d'un mode de vie dont on s'est complètement éloigné en très peu d'années.

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