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La présence de mûriers dans le village du Castellet est la trace d'une ancienne activité humaine de toute la région : la culture du ver à soie. En effet si la soie nous est venue de Chine en passant par le Pont-Euxin et la Méditerranée dès le VIe siècle, elle ne s'est développée véritablement qu'à partir du règne de François Ier, la Provence étant une région alors privilégiée. La culture du ver à soie (en réalité la chenille du papillon bombyx mori) ou sériculture occupait les familles pendant quelques mois au cours de l'année et offrait une source de revenus supplémentaires (le beurre dans les épinards comme on dit familièrement).




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On trouve encore aujourd'hui quelques rares mûriers au bord des routes.



Avec des hauts et des bas au cours des siècles cette activité était savamment organisée : les cocons étaient élevés dans les familles, ce qui explique le grand nombre de mûriers plantés, puisque seule la feuille de cet arbre (et encore du seul mûrier blanc) peut nourrir les petites chenilles. Et il en faut des feuilles ! car l'appétit de ces petites bêtes est impressionnant. Une fois que chaque famille avait « élevé » ses cocons, elle les vendait à des ateliers équipés pour traiter les cocons et pour les filer. Ces ateliers avaient des salariés et expédiaient leur production vers les filatures. Celles de Lyon ont eu une renommée mondiale.




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Seules les feuilles du mûrier blanc (morus alba) pouvaient nourrir la chenille du bombyx.



La présence d'ateliers dans le secteur d'Oraison et des Mées (en particulier la ferme école de Paillerols) a permis à tous les villages et hameaux de la région (donc en particulier au Castellet) de s'investir pendant plusieurs siècles dans cette activité.
Au XIXe siècle la sériculture a failli être décimée à cause de la maladie (ou plutôt de deux maladies) jusqu'à ce que Louis Pasteur trouve une solution. Il est d'ailleurs venu à plusieurs reprises tant à Oraison qu'à Paillerols. Après une embellie de quelques décennies cette activité s'est progressivement arrêtée avec la concurrence de la soie artificielle puis de toutes les fibres synthétiques.
Seuls les mûriers qui n'ont pas été arrachés au profit de nouvelles plantations devenues plus rentables évoquent pour nous une occupation familiale. Au début du siècle dernier, les anciens du village se souviennent que ces arbres occupaient quasiment tous les champs en fond de vallée, toutes les cours des maisons.
Aujourd'hui il en subsiste quelques uns ici ou là, en bord de route ou au milieu d'un pré. Et si le bombyx mori a déserté nos maisons, au moins les quelques mûriers épargnés nous montrent-ils, l'été venu, une frondaison épaisse, promesse d'un ombrage bien frais. Car à l'époque du ver à soie, été comme hiver, ces arbres n'offraient que la vision fantasmagorique de troncs puissants mais pas très hauts, surmontés de centaines de petites branches hérissées comme autant de doigts décharnés.




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Juste pour le plaisir : quelques feuilles de mûriers à l'automne.



Vous pouvez consulter un site particulièrement bien renseigné sur la culture du ver à soie chez nos voisins et amis des Mées en cliquant directement sur ces liens : 

http://www.lesmees04.com/historique.htmhttp://www.lesmees.org/livres/l1984/vas00.htm

 

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